samedi 15 octobre 2011

Barnabé 21.1.2009 - 13.10.2011


Tu as été conçu paraît-il, la nuit de la Saint Sylvestre. Tu es né exactement 21 jours plus tard à Liège chez Alisha.
Moi j’étais en deuil de mon Virgile et une amie m’avait conseillé de faire une demande d’adoption. Ce que j’ai fait et me suis retrouvée 6éme sur la liste. J’ai donc tout comme ta maman attendu ta venue. C’était la première fois que j’adoptais ainsi, mes autres ratous venant d’animalerie ou de refuge.
Je me souviens bien du jour de ta naissance. Alisha m’avait envoyé vers les 19 h un message : ils arrivent. Puis vers 22h30 : ils sont tous là, ils sont 14. La joie !!!!
Mais il me fallait encore attendre que tu grandisses.

Le 8 mars je suis allée te chercher à Liège ainsi qu’un copain pour toi venant de chez Superdoudou. Il fut nommé Ignace et avait déjà trois mois, bien plus grand que toi.
Hélas, cela n’a pas marché entre vous et il a fallu en arriver à une castration pour tous les deux après un accident pour toi. Vous avez ainsi perdu bien du temps à être heureux.

A partir de là, ce fut le bonheur.

Mais le mois de novembre 2010 fut un mois de douleur. Opération d’un abcès pour toi, maladie d’Ignace.
Tu perdis ainsi ton copain un mois plus tard.
Au début tu l’as cherché partout, écouté les bruits. Tu l’attendais……
Puis tu t’es résigné, après quelques temps tu n’as même plus voulu te promené, seulement rester dans le coin des rats et dormir. Tu déprimais.

Puis la maladie est venue tout doucement. Tu avais des difficultés à marcher.
J’ai après bien des recherches, adopter deux petits ratous pour te donner de la compagnie.
Mais ta maladie a gagné du terrain et eux ont grandit et tu ne voulais plus d’eux. Tu voulais le calme.
 Ta vie passa donc calmement dans ta cage aménagée selon ton handicap. Le matin déjeunant sur mes genoux, le soir reposant dans ma robe de chambre au chaud et appréciant les câlins.

Puis tu vieillis très fort tout à coup et la maladie gagna finalement en se compliquant.
Tu souffrais trop, je n’ai plus su t’aider autrement qu’en te faisant endormir pour toujours.
Tu es décédé le 13.10.2011 à 15h à Etterbeek, chez ta vétérinaire en notre présence.

Adieu mon petit ange, rejoint Ignace sur le nuage.
Tu nous manques et tu nous laisses un grand chagrin.


Coïncidence : Névi’im, frère de Barnabé, est décédé de vieillesse quelques heures plus tard


lundi 3 octobre 2011

Les passagers de la planète Terre. Un texte de François Cavanna


Avoir davantage pitié des bêtes que des hommes, c’est pas très bien vu chez les hommes. C’est considéré comme une sorte de désertion, de trahison, voire de perversion ou d’infirmité mentale. Mais bon dieu, nous sommes hommes par hasard. Tant mieux, j’aime bien comprendre le monde. Et c’est justement parce que je suis homme que je puis transcender cet instinct grégaire, irréfléchi, purement animal qui fait se serrer les coudes aux hommes, les incite à diviniser l’homme par-dessus toute créature. Réflexe spontané, réflexe normal. Normal chez une oie, chez un phoque, chez un hareng. Un homme devrait aller plus loin. C’est parce que j’essaie d’être vraiment, pleinement homme, c’est-à-dire une bête avec un petit quelque chose en plus, que je mets sur un pied d’égalité ce qui est homme et ce qui ne l’est pas. M’emmerdez pas avec votre Saint François d’Assise, j’ai pas de paradis à gagner. Mon amour des bêtes est bien autre chose qu’un attendrissement devant le mignon minet, bien autre chose qu’une lamentation devant les espèces, j’m’en fous, je ne suis pas collectionneur d’espèces, des millions d’espèces ont disparu depuis que la première lave s’est figée. Seuls m’intéressent les individus. Mon horreur du meurtre, de la souffrance, du saccage, de la peur infligée fait de ma tranche de vie une descente aux enfers. Nous tous, les vivants, ne sommes-nous donc pas des passagers de la même planète ? L’homme n’a pas besoin de ma pitié : il a largement assez de la sienne propre. S’aime-t-il le bougre ! La littérature, la religion, la philosophie, la politique, l’art, la publicité, la science même n’intéressent les hommes que lorsqu’ils les mettent au premier plan, tous ne sont qu’exaltation de l’homme, incitations à aimer l’homme, déification de l’homme. Les bêtes n’ont pas, si j’ose dire, la parole. Elles n’ont pas d’avocat chez les hommes. Elles ne sont que tolérées. Tolérées dans la mesure où elles sont utiles, ou jolies, ou attendrissantes. Ou comestibles. Les hommes les ont ingénieusement classées en animaux "utiles" et animaux “nuisibles". utiles ou nuisibles pour les hommes, ça va de soi. Les Chinois ont patiemment détruit les oiseaux parce qu’ils mangeaient une partie du riz destiné aux Chinois. De quel droit les Chinois sont-ils si nombreux qu’il n’y a plus de place pour les oiseaux ? Du droit du plus fort, hé oui ! Voilà qui est net ! Ne venez plus m’emmerder avec votre supériorité morale. Ni avec vos bons dieux, faits à l’image des hommes, par les hommes, pour les hommes. Si les petits cochons atomiques ne mangent pas l’humanité en route, il n’existera bientôt plus la moindre bête ni la moindre plante "nuisible" ou “inutile”. Le travail est déjà bien avancé et le mouvement s’accélère. La mécanisation libèrera - peut-être - l’homme du travail "servile ". Elle a déjà libéré le cheval : il a disparu. On n’a plus besoin de lui pour tirer la charrue, il n’existe quasiment plus à l’état sauvage, adieu le cheval. Oui, on en gardera quelques-uns, pour jouer au dada, pour le tiercé, pour le ciné, pour la nostalgie. L’insémination artificielle a déjà réduit l’espèce "bœuf" à ses seules femelles. Un taureau féconde -par la poste- des millions de vaches. Oui, on s’en garde quelques-uns pour les corridas, spectacle d’une "bouleversante grandeur" où l’homme, intelligence "sublime", affronte la bête, les yeux dans les yeux … oui, on se garde quelques faisans, quelques lapins, quelques cerfs … pour la chasse. On se garde quelques éléphants pour que les petits merdeux aillent les voir dans les zoos, et quelques autres dans des bouts de savane pour que les papas des merdeux aillent y faire des safaris-photos après le déjeuner d’affaires. Pourquoi je m’énerve comme ça ? parce que je les voudrais semblables à ce qu’ils se vantent d’être, ces tas : un peu plus, un peu mieux que les autres bêtes. Mais non, ils le sont, certes, mais pas assez. Pas autant qu’ils croient. A mi-chemin. Et à mi-chemin entre ce qu’est la bête et ce que devrait être l’homme, il y a le con. Et le con s’octroie sans problème la propriété absolue de la Terre et de tout ce qui vit dessus, et même l’univers entier, tant qu’une espèce plus forte ou plus avancée techniquement mais tout aussi con ne l’aura traité lui-même comme il traite ce qui lui est "inférieur". "Inférieur", rien que ce mot ! Il y a même toute une hiérarchie.
François Cavanna